mardi 27 mars 2012

Tapisserie






Premiers bourgeons

I walk in the water still cold
 
I read
I drink a latte rice / soy / coconut with cinnamon and ginger with birds

I scribbled in the light of the candle

Sleep is gone away

I want low boots. Purple.

A mini black shorts, leggings with floral motifs, a light blouse. Transparent.

My jersey below.

Which gilds my skin underneath.

Feet on the surfboard.

Lies in the grass, smoking a cigarette.

The upside down, suspended on a swing in a playground.

A raspberry ice cream melts.

Watch the rocks.

Listen to rolling stones.

Make love in the water...

I stretch.

Feel the sun to go away.

Light a fire in the sand.

Cookies out of oven.

I eat fruit jellies.

I make jellies with inks and shellfish.

The smell of resin.

The smell of the skin.

I swim


Je réapprends, la vie sans ordinateur, sans internet, sans appareil photo, tout juste de musique.
A peine de temps pour moi encore.
Je réapprends mon corps. 
Les heures s'étirent.
Je patiente jusqu'à la couleur, les images dans la tête, le déferlement. 
L'urgence à vivre.
Je nages.  

Letter by letter (time... take the time)

Le pas lent, étiré. La première morsure délicate du froid. Un ressac de chaleur vacillant sous les branches. L'écume de plumes noires embrassant les bleus éclatants. L'annonce de la corrosion douce.
Les gris qui s'éveillent dans les tâches de rouille. La tendresse qui s'étiole. La sécheresse craquante sous le pas.

L'étreinte saturnienne.

La peau à peine dénudée, laissée à la caresse de l'air. La saveur des derniers rayons, pluie de lumière dessous les arbres. Dentelle de jour trop clair. La brume derrière les yeux. Des couleurs floues repliées dans un coin de nuit.
L'insomnie portant le corps. Une certaine absence au corps. Une transparence soudaine. Immédiate et dissolue. Nervures de feuille flottante au dessus du sol.
Avant, avoir cherché les dernières effluves de l'obscurité. Les rubans sombres. Le ciel empourpré. Enroulée sous la peau. Heurtée par la lumière du jour. Les gris trop lointains. Le corps avide de fumée. Le corps vibrant depuis l'aile de l'aube.
 Légèreté de nervures. Flottante au ras du sol. L'insulte des flaques de lumière sur le bitume. Trahison du bleu limpide. Parfait reflet inversé de l'en dedans. Maudire le jour. Invoquer l'averse. Tempête sous le crâne. Les nuages de mots...

Le brouillard de sons.

 La vibration dissonante.
Effleurée, la cordelette de soie du pendu étrange.
Tête penchée. Et moi...
Tout le corps. Tout le corps qui penche.
Le fracas de la suspension.
L'effilement entre les doigts. Mes doigts engourdis. L'aspiration du sol. Le regard dérobé. Dérobée... dedans. La suspension.
Dessous les paupières...
Ma nuque enroulée. Ma nuque doucement offerte. La brume du souffle. Tiède. Mordante. Sur la peau. Corrodée.
Une certaine chaleur émergeant d'un creux de nuit gelée.
De la nuit du corps. Mon corps.
L'étendue sous la peau. Le frisson déchirant. La fragilité du papier de soie. La violence de l'effleurement dans tout le corps. La rage grondante. Le poing qui se serre autour de la douceur. Les trésors de douceur dans la paume. Les doigts emmêlés dans la nuque.
Les doigts...
Les doigts qui se défilent sur les hanches, au bout des yeux.
Le corps noué. Lier dans la suspension. Le soulèvement du souffle.
 L'effleurement s'évaporant au bord des lèvres.
 Le cocon de nerfs.
 Effilée.

Enroulée la nuque.

La brûlure de l'eau. Les jambes fébriles sur le carré de faïence. Les filets qui dévalent l'arc du dos. Arqué le corps. Enroulé. Chercher la disparition. Sentir... trop fort.
Refuser la caresse; l'idée de la caresse.
Savourer cette violence.
Le vide dans le corps. La force qui s'échappe. Fragile.
Sentir trop fort le souffle. L'arrachement à la peau d'émotions. La pudeur scellant les lèvres.
L'étreinte saturnienne.
La gorgée chaude qui remonte au bord des yeux.
Doucement.
En silence.
Savourer cette violence là. Celle de l'arrachement à la peau d'émotions.
Avoir le goût démesuré de la pudeur dans la bouche.
Dans tout le corps.
La nudité fragile, suspendue dans un instant blanc, flou. Divinement flou. Un voile transparent.
La profondeur de la peau. Le murmure dans la chair. N'être que souffle.
Une palpitation fébrile. Une accélération assourdissante dans la poitrine.

La vie au bord des lèvres.
Plus loin que nue... ma pudeur. 

La lenteur, l'étirement dans l'inspire.
Fébrile dans l'expire.
Au bord.
Toute au bord.
La fragilité intense. Immensément. Plus loin que nue. Abandonner...
l'étreinte saturnienne.
La morsure de l'aube.


Tu ne savais pas l'entrave.
Le corps en averse.
Les morceaux de ciel qui se détachent.
La respiration lente.
Les étoiles jetées dans la main.
Les nuages de mots.
La faute à la poussière.
             Je n'ai plus cette force là, do you see?
Le corps rompu.
Ne pas supporter la pudeur dérobée.
Celle qui vient avant, flottante.
Celle qui s'étire, lente et sauvage.
              La nuit repliée dans les paumes en partage.

(La guerre déclarée)

Chérir le poing fermé. La délicatesse des phalanges autour d'une brume vacillante. Le fracas des doigts écorchés contre le mur.
User la peau...
Le coeur à vif.
Craquelée la peau. La paume mise à nu par le brouillard des sens.
Projeter. La collision. La chute.
L'insupportable douceur.
Serrer le poing autour de ma pudeur terrible qui s'effile comme jamais.
Paupières closes.
Haïr ma fragilité superbe dans ton regard. Vacillante. La perte de moi même.
La dissolution et l'idée de la dissolution.
L'éclat au dessus du souffle. Mugir.
Te haïr jusqu'à la pointe extrême de ce que j'ai cru être moi même. A vif.
T'arracher l'idée de mon corps.
La corrosion. La corrosion lente. Certaine.
Te faire taire. Faire taire ton écho en moi.
Me voir déborder sous tes paupières. Hors de moi même.
Tellement hors de moi.
Dos au mur.
Lacérée.
La nuque renversée. Le frisson de chair. Te maudire.
Tenter de retenir autour de moi ce qui fait tout mon être. Serrer plus fort ce qui s'effile. Serrer. Plus fort. Enrouler. Défaire ton désir qui m'emprisonne. Me défaire de l'emprise de tes yeux sur moi. De ce que tu vas chercher loin en moi.
Infiniment nue.
Ce qui n'appartient qu'à moi.
Le droit que tu n'as pas sur moi.
Le poing serré.
La main tremblante.
Ma transparence qui se colore entre tes doigts.

Et c'est beau...

Et je t'en veux.


Ma transparence.
La profondeur de la peau. Le silence. La pudeur.
Le mouvement qui se brise.
                                          Tu ignores tellement le corps qui danse.
Le souffle arraché. Le corps rompu. Le vide. L'apnée de la peau. La déchirure. Les bras de cendre. Les mains consumées.

Fragile. Là.

Comme sur les cartons. Écrit en gras. En noir. FRAGILE. Un verre brisé. Un corps de verre. Là. Trop tard pour saisir la transparence. Le vide. La lumière au travers. Les étoiles transperçantes. La morsure de l'aube...

Ose l'écrire. fragile. Là. A même la peau.
Ose...
La nuit pliée aux coins des yeux. Les paupières grises. Les paupières lourdes. La nuque enroulée.
En gros caractères, étirés.
Marque l'emballage si tu oses.
C'est le peu que  je veux bien donner à voir.
Un mot. Dedans.
fragile
Les doigts dans les cheveux. La paume contre l'épaule. La note creuse. Le blanc autour  des mots. Les mots qui heurtent. Fragile.
La fureur. La note. Le souffle. Vaste le corps. Jambes repliées sous la poitrine. FRAGILE.
Ecouter le ventre. L'en dedans. S'arracher à ça. Le sol. Le mugissement du souffle. Naître encore. Fragile. M'arracher à l'autre. Au regard. La transparence troublée. De verre.
Liée. Pliée. Fragile.
Admettre le changement dans le corps. Vouloir la trace visible. Cachée. fragile
La peau qui n'écoute plus comme avant. Le mouvement. L'espace trop grand. La note. Le creux dans la note. Fragile. Me lover dedans. Parois sensibles.
Ose, que la douleur soit palpable.
Une autre peau émotionnelle. Fragile. Une empreinte. Un trouble. Des débris de verre. Le dos contre le mur. Arracher...
Le souffle. Le tremblement. La pulpe des doigts. L'emmêlement des nerfs. La trame décousue. Les boucles. L'infinité de boucles qui  percute la fin. Le silence du corps. Fragile.
L'instant écroulé dans le regard.
Ma pudeur et ta violence.
Ma fragilité. Ta colère.
Le feu courant.
La profondeur de ma peau.
Fragile.
Ma bouche aride. Mon corps tarie. Ton souffle. La nuque rejetée. Ton souffle. Mon corps de verre. La chute au bout de tes doigts.
Fragile. Dans tout ton corps.
FRAGILE
Referme
Pose moi doucement et referme
Dedans
Épuisée
Mon corps de nuit.
La vérité c'est la guerre déclarée.
Referme ça.
Usée.
Fragile. Le pantalon noir trop long, trop large qui glisse. Les rubans noirs des ballerines dénoués. L'épaule nu. L'eau qui délivre..
La vérité c'est la guerre déclarée.
Referme ça...


Mood. Something like... Alex Beaupain & Camélia  Jordana - Avant la haine

On s'débarasse pas d'moi comme ça


mardi 20 mars 2012

Encore jeune du feu qui l'habite

Je suis une pierre nue
Muette et secrète
Encore jeune du feu qui l'habite
Je suis une vierge aux mille visages
Dans le reflet d'une eau limpide
Je cours dans les fissures
M'élargissant dans le sein de la terre
Je m'évapore par la lave
Dans les gravas d'une dune aride
Incandescente volute
Sinueuse rivière
Serpentine
En écarlate nuée
Murmurant dans la brume
Les promesses des amants oubliés
Je suis l'écorce habitée d'insectes
Mutants aux carapaces cuivrés
Je suis le lotus ouvert
La prière à la mère
Je suis l'enfant dans son sein
Je suis le lait en averse
La lumière du matin
Le venin...
En cascade frémissante
Dans les tourbillons du vent
Mugissante
Mugissante depuis la bouche des amants
Je suis l'extase
La promesse de l'aube
Le petit matin bleuté
Delavée dans le gris de l'air
Pliant les cheveux tendres de la mère
Etendue vers le soleil
Je suis l'oubli dans le silence
Le coeur de la nuit
Tapie dans les crevasses
En morsures acérées
Brunâtres entraves d'une boue gelée 

février 2012

vendredi 16 mars 2012

Insecte

Se poser.
La main.
Serrer trop fort, dans la paume. Ecrasée.
Laisser trop d'espace, paume ouverte. Envolée.
Grouillante sous l'écorce.
La paume.
La pulpe des doigts.

Je ne vois plus la douceur dans la main.
Seulement main d'enfant. Juste elle.
Petite. Doigt sur le nez. Chatouilles dans le cou.

Traces trop vives.
Mains de feu.
Le dernier homme a ravivé le père.
Ils tuent la femme.

Les vieilles traces, les mains, les premières.
Le repère.
Le point zéro.
Le vide.
Vide...

Il a fallu comprendre la douceur dans ma main.
M'autoriser, apprivoiser la violence dans mes poings.
Maintenant...
Les traces ne s'effacent pas.

Les caresses sont comme souffle de vent sur dunes de sable.
Corps de sable.

Le père c'est la main absente.
La marque rouge.
La vie qui donne la vie et dit "tu n'as pas le droit d'être"
La vie qui dit "tu es par moi, je fais ce que je veux de toi"
La main du père c'est celle qui fait payer d'être au monde.

Corps de sable.

La mère c'est la main absente.
Le vide dans le coeur.
La main qui réclame, qui enferme.
Pas la main de l'étreinte.
La main de la mère ne console pas, elle réclame.
Elle frappe aussi...
Elle a sa violence.
La main de la mère ne voit pas la différence.
La mère ne donne pas la vie, elle refuse de mettre au monde.

Corps de sable.

Ma peau est aride.
Ma peau de crevasses et de fissures.
Peau de terre craquelée.
Peau d'océan figé.
La mer.
Le vent.
Mon corps, tout mon corps.

La main qui attrape.
Celle qui soulève.
Celle qui retient.
La main qui dit reviens.
La main qui lâche.
La main qui s'ouvre.
Celle qui se ferme.
Le sang dans les veines.
Le pouls sous la peau.

La main qui s'ouvre, le corps qui se referme.

Le bout des doigts.

La prière.

Les pieds dans la terre humide.
Le hurlement dans les feuilles.
Le tourbillon entre les mots.

La main.

La main.
La petite, toute petite main.
La grande main qui écoute.
La main qui tient et qui ne lâchera jamais.
Jamais.
Les mots et le vide entre les mots.
Je sais trop qu'on ne réécrit rien.
Combien les lignes des mains sont des cours d'eau.
Les paumes sont des déversoirs, des puits.
Les paumes imposent et délivrent.

Vouloir trop fort le barrage, le barrage immense d'avec les lignes qui ont faites les miennes.
Savoir les ruisseaux qu'on ne peut que regarder couler.

Chercher la source.

L'autre.

Repousser l'orage, la tempête.
Refermer mes mains autour de ces petites mains.
Tenir un lac.
Un lac précieux.
Un vivier d'oiseaux et de papillons.
Toutes petites mains.
Douce pluie.
Bruine.
Brouillard.
Nous cacher dans mes mains. 

Moi, chercher de nouveau le corps de sable.
Trop méconnaître le corps de femme.
Ne plus vouloir savoir la femme et l'autre.
La femme par l'autre, l'homme.
Ne plus vouloir savoir l'étreinte.

Dissoudre le toucher, le besoin du toucher.
Dissoudre le besoin de l'autre.
La respiration.
S'unir par les poumons, par l'air, respirer sans.
Dans les jeunes pousses, les feuilles saignant la sève jusqu'aux pointes.
Corps de terre.
Silence de la poussière.
Corps de terre humide.
La pluie qui lave.
La pluie qui nourrie.
Lit de la rivière.
Corps d'oubli.
Torrents des rivières et morsures de la pluie.

Habiter de nouveau le corps.
Y arriver. Respirer.
Etirer.
Courber.
Ouvrir les poumons.
N'être que le souffle.
Le souffle et le mouvement qui jaillit.
Le souffle et le repos du corps endormi.
Le souffle et les trajectoires.
Ne plus vouloir l'autre.
Etre.

Etre.

Et dans mes rêves, la nuit, je cherche le frère.
Je n'ai pas peur de sa main.

Mood: Camille - Je ne suis pas ta chose
Ill nino - la liberacion of our awakening

Parce qu'il faut tuer le père

Je suis minuscule.
Je suis toute petite.
Il a les yeux rouges, il dit"baisse les yeux quand je te parle".
Il parle fort...
Je suis dans l'allée du jardin.
Il enlève sa ceinture.
Je suis sur les petites feuilles vertes tâchées de blanc.
Il dit "je vais te donner une bonne raison pour pleurer".
Je suis la petite coccinelle noire sur la petite feuille.
Celle qui s'envole avec ma prière.
Comme la chanson.
Je suis les larmes, je n'arrive plus à respirer.
Je suis le bruit des vagues.
Je n'arrive pas à me calmer.
Alors il frappe plus fort, il ne veut pas m'entendre.
Je suis le bruit des vagues quand la lumière s'éteint dans ma chambre.
Je suis punie, assise dans l'escalier dehors, devant l'allée aux coccinelles.
Je n'arrive pas à faire rentrer les tables de multiplication dans ma tête.
Je n'arrive pas à me concentrer.
Il hurle.
Je suis les fourmis qui se suivent dans les fissures de béton.
J'ai mal au ventre.
J'ai tout le temps mal au ventre.
Je respire mal.
J'ai souvent le nez qui saigne.
J'ai mal au ventre.
Je suis dans les arbres.
Je suis le camphrier, la menthe, le baume du tigre sur les mains du grand père.
Je suis les arbres.
La goyave, la mûre, la mangue.
Je suis la fleur blanche qui s'ouvre sur un coeur bleu et violet.
Bleue, toute bleue...
Je suis dans les fleurs, dans la cire des alvéoles.
Je suis les abeilles, la douceur du miel.
La douceur dans les yeux de l'arrière grand père.
L'or transparent comme le baume.
Je ne pleure plus.
J'apprends à ne rien dire.
J'apprends à ne plus avoir peur.
Ne pas trembler.
Ne pas pleurer.
Respirer.
Je suis une petite poupée avec de jolies robes et de jolies ballerines.
Je souries.
Il y a des lignes, et des lignes.
Des cris. Des larmes. Des insultes.
Je suis la termite.
La termite dans les vieux dictionnaires jaunis sur l'étagère.
Je suis les trous magnifiques entre les mots.
Le labyrinthe entre les pages.
Les définitions rongées.
Les mots sans plus de sens.
Jaunie et dévorée.
Je suis le livre fermé.
Je suis l'enfant de sable.
Je suis l'écume qui caresse le sable.
Ma mère c'est l'océan.
Mon père c'est la terre verte et humide.
La terre brûlée et jaune.
Je ne veux plus porter de robe.
La mère était à l'hôpital.
J'avais deux maisons.
La mère va y retourner, je vais faire son sac.
Je suis le vent sur la plage.
La mère sent l'alcool, il est tard.
Elle vient dormir dans mon lit, elle me sert fort, elle me dit pardon, elle pleure.
Je suis le vent sur la plage.
Le père touche mon corps de sable qui disparait, disparait.
Je m'essouffle, je m'épuise.
Je suis le sucre, les champs de canne.
Le père m'insulte, il dit des mots.
Je suis dans les trous du dictionnaire sur l'étagère.
Le vieux dictionnaire en plusieurs tomes.
Les couvertures de tissu marron.
Les pages jaunies.
Je suis le corps de sable, je suis le corps de sucre.
Je fonds dans le roulis des vagues.
Je me confonds dans le sang de la terre.
Les mots ne m'appartiennent pas.
Mon corps ne m'appartient pas.
On dévore mes mots.
On me violente avec des mots.
Je suis la page qui brûle.
Des mots sales, des mots douloureux, des mots qui devraient disparaitre.
Je suis les pages qui brûlent que la mère a jeté au feu.
Mes mots.
Mes mots ne m'appartiennent pas.
Je suis le silence.
Je suis les termites qui mangent les mots.
Je suis la page.
Je suis la feuille.
Je suis l'arbre.
Le bois...
Je suis la statue de bois, le Bouddha, foetal et debout, offert au père par moi.
Je suis là, on ne me voit pas.
Je suis dans l'air de la pièce.
Je suis l'apnée.
Je disparais.
Je suis le bleu sur l'oeil, sur la joue.
Je suis la guêpe qui a fait gonfler le bras du père.
Je suis les mots écorchés, le silence ouvert quand le père frappe le poing fermé.
Je suis l'espace entre les mots.
Je suis l'effort qui se prolonge, la foulée qui s'allonge et le souffle court.
Je suis l'espace clos.
L'asphyxie.
Je suis le vent...
Je suis la feuille.
Je suis le cacao, le cacao amer.
Le sucre qui se dissoue.
Le sang du sucre.
La terre qui saigne.
Amer.
La feuille blanche.
La couleur que le papier boit.
La ligne légère qui cherche à habiter l'espace.
Sortir de l'espace du corps.
Habiter l'espace du corps.
Chercher sa place dans l'espace.
Je suis la tige courbée, la fleur qui peine, qui s'ouvre.
Je suis le cocon, la poussée de l'aile.
Je voudrai l'Amazonie.
Les poumons.
La terre.
Les litres de couleurs.
Les kilomètres de lignes.
La fragilité de l'aquarelle qui glisse sur le papier.
Le souvenir des orchidées à Saint Phillipe.
La naissance. La délivrance.
Le rêve du livre, le livre aux pages colorées.
Le livre chargé de pluie, de plumes, d'ailes, de pigments, de pétales, de terre.
Le livre aux pages colorées, sans trou, sans le vide à la place des mots.
Je suis la toute petite.
Je suis la minuscule.