Entre deux points, en m'écroulant sur ma feuille, courbée sous le poids du dimanche, je rechignais après le vide dans ma trousse, où quelques couleurs manquent.
Ce truc con de me dire que, ça résonne; je n'ai peut être pas tant envie de fleurir que ça.
Rester tout prêt de la mousse, accrochée au rocher.
A peine respirer dans la tendresse de toutes jeunes feuilles.
A quelle branche m'accrocher...
L'inévitable songe, fier: les pieds dans l'eau glacée, empourprée et sereine.
De lo su feuille songe.
Le songe fier, les regards et les paroles qui glissent, ne rendant qu'un clapotis délicat dans des filets argentés.
Mieux rejoindre la noirceur de la pierre et puis laisser le cours des choses, laisser l'eau glisser.
Laisser les lèvres bleuir un peu sous la caresse du courant.
Laisser le temps.
Le temps que les fruits mûrissent et que les branches chargées se plient.
Le temps de lézarder sous le soleil entre les arbres, sur la lave glacée.
Le temps de retrouver la douceur des lèvres dans un rayon de miel.
Je suis désenchantée. Encore bien trop verte, assise sur le bord de la rivière, me sentant trop mûre...
Je n'ai pas mon âge. Je suis tarie. Je suis tempête, en cascades tourbillonnantes, allongée dans un linceul d'écumes.
Je n'ai pas d'âge.
J'ai la violence du vent qui déracine les arbres et le fracas de la pluie qui déborde des ravines.
La douceur de la rosée du matin, gelée sur la falaise acérée, dans les couleurs délavées d'un ciel encore sombre.
Glacée depuis la cime des sugis, dans une robe de brouillard chargée de résine.
Je fais l'enfant, ma barbe s'emmêle dans les fougères.
Je suis toujours vieille, et les arums blancs qui poussent dans mon lit n'ont de cesse de délivrer leur poison.
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